22 octobre 2015 0 Commentaire

Déséquilibre entre vie privée et sécurité : les preuves s’accumulent

Le Président de la commission des libertés civiles au Parlement Européen, Monsieur Claude Moraes, dresse un état des lieux peu réjouissant de la manière dont nos données à caractère personnel circulent et sont utilisées à notre insu.

Dans une récente déclaration(*) faisant suite à l’invalidation de l’accord « Safe Harbor » signé en 2000 par l’Union Européenne et qui permet aux entreprises américaines d’exploiter les données des citoyens européens sans de réels contrôles sur la finalité des traitements, Claude Moraes rappelle notamment que «  les gens acceptent que leurs comportements sur les réseaux sociaux soient surveillés. Ce dont ils ne sont pas au courant, c’est la manière dont cela est réalisé. Grâce à notre enquête sur la surveillance de masse ici au Parlement européen, nous avons découvert ce qui se passe réellement, même si nous nous doutions déjà de beaucoup de choses auparavant. Nous en avons appris encore davantage avec les révélations d’Edward Snowden. »

Cette acceptation tacite est bien évidemment la clé de l’action pour mener une véritable campagne de sensibilisation auprès des citoyens. En commençant – ce peut être un bon début – par les entreprises ayant souscrit des contrats avec  des acteurs américains du « cloud computing » par exemple, voire des acteurs plus modestes qui mettent en oeuvre  par délégation, des moyens de collecte et de gestion de données à caractère personnel pour l’organisation d’élections professionnelles sur internet. Les exemples sont légions de ce qui échappent ainsi à la vigilance et au contrôle des directions d’entreprises qui n’ont pas conscience, ou bien trop tard, des risques qu’elles encourent et de l’exposition qu’elles consentent  de la vie privé de leurs propres salariés.

La confiance est de rigueur mais le constat est amer : ce rôle de formation qui s’impose naturellement aux entreprises devrait également pouvoir se faire l’écho d’une démarche pédagogique qui tarde à se faire jour au sein des programmes scolaires.

Nous avons donc tous pris beaucoup de retard, et faute de relais efficaces sur la nature et la compréhension de ces enjeux,  l’interrogation concluant l’intervention du Président de la commission des libertés civiles au Parlement Européen, résonne comme un avertissement dont il nous faut prendre la pleine mesure : « …Pour les citoyens qui savent plus ou moins que leurs conversations, leurs courriels et leurs métadonnées sont accessibles, la véritable question est la suivante : ces données sont-elles accessibles pour de bonnes raisons, à des fins de lutte contre une menace terroriste par exemple ? »

Ce « qui savent plus ou moins » n’est autre que la reconnaissance implicite d’un aveuglement collectif dont nous nous accommodons avec volupté :  tant que durera la promesse des bienfaits technologiques censés nous débarrasser de toutes les formes de contingences  qui régissent aujourd’hui nos espaces de libertés, pourquoi en effet se prendre la tête et du temps à s’inquiéter de cela, alors même que nous manquons si cruellement de l’un et de l’autre ?

A vos datas citoyens !

(*) Retrouvez les temps forts de cette interview ici

 

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