23 octobre 2015 1 Commentaire

Faut-il bien traverser dans les clouds ?

Qu’ils s’agissent d’entreprises, de collectivités voire d’administrations, le sujet arpente les escaliers, s’extrait des ascenseurs pour envahir les cafétérias, interpelle les « sachants », fait le plein de pour et de contre et  fini par atterrir entre les mains de décideurs dont le regard financier va finir par s’éclairer. .

Comment résister en effet aux sirènes affriolantes du marché qui cherche à convaincre celles et ceux qui résistent encore et se refusent encore – mais pour combien de temps ? – à abandonner savoir-faire et maîtrise interne des technologies applicatives et de stockage au profit de l’informatique en nuage, le fameux « Cloud computing ».

D’autant que la martingale mis en place par les acteurs du cloud a effectivement de quoi faire briller les yeux de tous les gestionnaires, voyons cela par  l’exemple  concret  de la stratégie actuelle du géant américain Microsoft en la matière.

Une stratégie qui pose question à nombre de responsables de services informatiques, mais aussi aux institutions qui cherchent à nous protéger de l’exploitation de nos données à caractère personnel , mais dont les mises en garde ne semblent pas suffisantes à éloigner les décideurs du miroirs aux alouettes (*).

Le vieux modèle

Aujourd’hui, ou devrions déjà nous habituer à dire hier… Hier donc, les entreprises et autres  collectivités souscrivaient auprès de Microsoft un contrat de licence correspondant à une équation simple : un pack logiciel pro x nb d’utilisateurs = tant par an.

C’est le modèle économique qui a permis depuis des années à Microsoft de prospérer tout comme nos propres services informatiques internes qui se sont formés à la maîtrise, à l’exploitation et à la maintenance de ces applicatifs et des données produites par les utilisateurs de celles-ci.

Les marges générées par ce modèle ont certes été considérables mais n’affichent plus un taux de croissance aussi formidable que ce que nous avons pu observer ces  20 dernières années : l’accroissement des parcs informatiques étant corrélé d’une part à l’emploi – en régression dans le monde occidental, principale cible du marché informatique mondial – et d’autre part au recours notable aux standards de l’open source, par nature moins onéreux et accessoirement tout aussi performant.

Des acteurs comme Microsoft ont bien compris qu’ils disposaient d’une rente de situation, une vache à lait, dont la courbe de maturité préfigurait naturellement la disparition de ce modèle d’informatique embarqué au profit de l’informatique en nuage.

Le temps compte pour le cloud

En marketing traditionnel, la gestion du changement qui accompagne le remplacement d’un modèle par un autre se fait via des étapes qui tiennent compte des environnements économiques et sociaux (risques/opportunités) et qui sera de nature à favoriser des comportements en adéquation avec  le marché sur lequel  son offre de biens et de services permettra à l’entreprise « leader » de continuer à prospérer.

Mais le marché a changé avec l’apparition du « big data » et la digitalisation des échanges, machines et logiciels ne sont plus les composants qui « tirent » la croissance, la donnée est devenue l’enjeu essentiel de celle-ci.

En cohérence avec cette nouvelle donne, Microsoft se trouve donc dans la situation de devoir considérablement, pour ne pas dire totalement, repenser son positionnement vis-à-vis des entreprises et par voie de conséquence modifier en profondeur son offre de service, et vite.

Vite, car l’enjeu de la maitrise des données à caractère personnel est rapidement devenu plus qu’un eldorado, il devient vital à très court terme pour ce type d’acteur dont les investissements dans les datacenters sont aujourd’hui considérables, ce qui est parfaitement en cohérence avec la stratégie de rupture qui bouleverse déjà nos propres infrastructures et nos organisations.

La martingale et ses sirènes

Pour arriver à occuper cette position de leader sur le marché de la gestion des données, le cloud est donc le cheval de Troie qui va permettre d’atteindre cet objectif. L’équation à résoudre est donc la suivante : comment inciter les entreprises organisées autour d’une gestion informatique internalisée à opter pour l’offre d’externalisation complète, et ce le plus rapidement possible car les places sont chères et seront forcément limitées ?

La réponse passe par le coût et fait fi de la gestion du changement qui devrait permettre une transition souple, intégrant l’évolution des savoir-faire et des emplois au sein des entreprises et collectivités sollicitées. Là ou il fallait débourser n milliers d’euros par an pour un contrat de licence, Microsoft va proposer l’abandon de ce modèle au bénéfice de son cloud et d’une exploitation à distance de sa suite applicative, et ce pour un coût annuel 2 à 3 fois moindre.

La philanthropie n’étant pas la motivation première du milieu, tout à chacun pourrait raisonnablement se poser la question du pourquoi autant de générosité ?

Mais l’œil du financier se laisse glisser à l’oreille qu’une autre économie est à sa portée, celle de l’infrastructure, des locaux, des parcs  de machines, des coûts énergétique.

Ca fait déjà  beaucoup. Bien sûr, il reste les hommes et les femmes qui assuraient jusqu’alors l’exploitation, la maintenance et la sécurité des échanges et des données, autrement dit des salariés, mais ce sujet relèvera  plus d’une gestion à venir des conséquences d’un choix de rentabilité qui aura simplement oublié en chemin de prendre la mesure globale de ces bouleversements.

Qui peut dire alors que nos données n’ont pas de prix ?

(*) lire notamment :

Les Cloud Microsoft ‘adoubés’ par les CNIL européennes : pourquoi c’est exagéré (tribune des avocates Anne-Sophie Poggi et Audrey Lefevre)
La CNIL suisse ouvre une procédure contre Windows 10 (article de Numerama)
- Le cloud européen de Microsoft reste sous loi américaine (article de Florian Debes, Les Echos)
- Évaluation partielle du contrat Microsoft  (communiqué de la CNIL)

Une réponse à “Faut-il bien traverser dans les clouds ?”

  1. Weber 28 octobre 2015 à 19 h 41 min #

    L’auteur, je l’ai rencontré. J’ai même travaillé avec lui. Semant et labourant des terrains ingrats où peu de lanceurs d’avenir s’aventuraient. C’est un créatif. Toujours à l’affut d’une idée neuve, d’une pratique nouvelle dans un monde mouvant certes, mais où -surtout dans les plus grosses structures- la répétition souvent risque de tenir lieu de raison. Il aime à travailler en équipe. C’est à dire qu’il sait donner à une équipe parfois hétéroclite l’ambition rassembleuse, le but commun qui la fait se transcender pour réussir. Son gros défaut, la loyauté. On m’excusera de ne pas le lui reprocher…


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